Parmi les huit espèces d’amphibiens qui fréquentent la réserve naturelle, le Crapaud calamite (Epidalea calamita) focalise plus particulièrement l’attention de l’équipe gestionnaire. Cette espèce, que l’on qualifie de pionnière, se reproduit dans les mares temporaires, majoritairement dépourvus de végétation. Il ne supporte ni la concurrence avec d’autres amphibiens, ni la présence de poissons. Les vallées des rivières mobiles, où des points d’eau se créent et disparaissent au gré des crues, constituent son habitat de prédilection.
Depuis trois ans, un protocole de suivi a été mis en place pour préciser la répartition de ce crapaud sur la réserve. Il consiste en des écoutes nocturnes, destinées à repérer d’éventuels mâles chanteurs, et des prospections en journées pour rechercher les pontes et têtards.
Un dernier passage est prévu en juin mais il ressort d’ores et déjà du suivi que la situation de l’espèce est très préoccupante. Le crapaud calamite semble se cantonner au secteur de Champ-sur-Drac et Saint-Georges-de-Commiers, et les preuves de reproduction sont très peu nombreuses. Le débit contrôlé par les barrages en amont et l’absence de crues ne permettent plus la création de nouveaux points d’eau, la mise en eau temporaire de bras secondaires ou le rajeunissement des mares existantes qui sont alors progressivement colonisées par d’autres espèces et deviennent alors défavorables pour le Crapaud calamite. Localement, il se reporte sur les flaques et ornières des pistes mais la reproduction y est très aléatoire car dépendante des conditions climatiques. Sur les trois années de suivi, seul le printemps 2023 a permis une mise en eau de ces flaques et l’assèchement probable avant la fin du cycle de développement risque de compromettre le succès de reproduction.
Croisons les doigts pour que les pluies se poursuivent encore quelques semaines !