Les Isles du Drac
Patrimoine naturel
Les milieux naturels
La RNR des Isles du Drac abrite une grande diversité de milieux naturels le long de la rivière, et dans les zones humides et boisements l’accompagnant. Ces différents milieux s’organisent en une mosaïque d’habitats abritant de nombreuses espèces remarquables. Ainsi, la quasi-totalité de ces habitats présentent un intérêt patrimonial. La plupart d’entre eux sont inscrits à l’annexe de la directive européenne Habitats-Faune-Flore (Natura 2000), dont deux identifiés comme prioritaires : la cladiaie et les boisements alluviaux.
Ces habitats se répartissent sur quatre grands types de milieux naturels :
- Le lit mineur du Drac : entre eaux courantes et galets
Le lit mineur est constitué de la rivière elle-même et des bancs de galets qu’elle charrie au gré de sa dynamique. Les eaux courantes sont le cœur de la rivière. Elles sont constituées d’une alternance de zones calmes et de secteurs plus rapides. La qualité des eaux du Drac est bonne et la rivière abrite nombre d’espèces de poissons dont la Truite fario. Les bancs de galets qui constituent les berges et les « isles » apparentes entre les chenaux courants du Drac, permettent quant à eux la présence d’espèces typiques de faune (des oiseaux comme le Chevalier guignette et le Petit Gravelot) et de flore (Saule faux-daphné, Peuplier noir, Myricaire d’Allemagne…). Ces milieux sont en mouvement permanent et évoluent au gré des crues de la rivière. Le lit mineur et les milieux naturels qu’il héberge sont alors remaniés et régénérés.
- Les zones humides et plans d’eau annexes
Le lit majeur du Drac abrite un réseau de plans d’eau et zones humides annexes en bon état de conservation. Ces zones peuvent prendre la forme de bras morts, d’étangs ou de canaux directement connectés ou alimentés par l’eau de la rivière ou de sa nappe souterraine. Les zones humides sont naturellement présentes autour d’une rivière non aménagée. Elles permettent de stocker l’eau en cas de surplus, de la restituer en cas de manque et de la filtrer pour la purifier. Ces milieux annexes constituent des habitats spécifiques pouvant accueillir des espèces adaptées aux zones humides. On y trouve de nombreuses libellules dont l’Agrion de Mercure, des oiseaux tels que les hérons, des amphibiens (Crapaud Calamite et Alyte accoucheur), ou des reptiles comme la Cistude d’Europe et le Couleuvre vipérine.
La Réserve abrite de nombreuses zones de roselières, le long des étangs, des canaux ou directement en bord du Drac. Elles constituent des habitats d’intérêt patrimonial. Protégées des mouvements d’eau et des prédateurs, elles permettent à de nombreuses espèces de s’y réfugier, s’y nourrir et s’y reproduire comme le Blongios nain, la Rousserolle turdoïde ou le Grèbe castagneux.
- Les milieux secs des terrasses déconnectées du Drac
Des terrasses sèches formées autrefois par l’accumulation de sédiments abritent des milieux particuliers, notamment à Chasse Barbier, site accessible depuis la plaine de Reymure. Ces milieux sont constitués de :
– zones boisées peu denses du fait des conditions difficiles, la nappe se trouvant plusieurs mètres en sous-sol sous les galets. L’Engoulevent d’Europe trouve dans ces boisements clairsemés un site idéal pour se nourrir et se reproduire ;
– pelouses sèches, abritant une grande diversité floristique et des cortèges d’insectes remarquables. On peut y trouver notamment des espèces d’orchidées comme les Ophrys bourdon, l’Orchis pyramidale ou le Limodore à feuilles avortées, et des fleurs méditerranéennes comme l’Astragale de Montpellier et l’Immortelle. Côté faune, ces milieux sont propices aux insectes, comme l’Azuré du Serpolet ou le Lucane cerf-volant, ainsi qu’à de nombreux reptiles, telle la Coronelle girondine ou le Lézard vert.
- Les forêts alluviales, liées au fonctionnement de la rivière
Les forêts alluviales sont associées aux bords de cours d’eau. Leur fonctionnement est étroitement lié à celui de la rivière et aux fluctuations de la nappe souterraine. Elles se raréfient car beaucoup d’aménagements de rivières n’ont pas laissé de place pour ces boisements. Ces forêts jouent pourtant un rôle très utile en captant et en épurant de grandes quantités d’eau, en maintenant les sols et en abritant une biodiversité importante. Le Drac contient plusieurs boisements alluviaux en bon état de conservation, majoritairement constitués de peupliers noirs, d’aulnes blancs et de nombreux arbustes. Ces milieux abritent des espèces emblématiques telles que l’Iris fétide, le Pic épeiche, favorisés par les vieux boisements, ainsi que d’autres espèces forestières ou affectionnant la proximité de l’eau : le Castor d’europe, la martre et les oiseaux comme la Bouscarle de cetti ou le Martin-pêcheur d’Europe.
La faune
La Réserve accueille une très grande diversité d’espèces animales, notamment grâce à la mosaïque d’habitats naturels et leur bon état de conservation. A ce jour, 482 espèces ont été recensées au sein de la RNR, et 80 d’entre elles présentent un fort intérêt patrimonial. Le site se présente comme un carrefour entre les deux climats montagnard et méditerranéen, avec leurs influences propres. Par exemple, on peut aussi bien croiser la route d’un Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) ou d’un Traquet motteux (Oenanthe oenanthe) que d’une Fauvette passerinette (Sylvia cantillans), espèce méditerranéenne patrimoniale.
Un des animaux les plus emblématiques du site demeure le Castor d’Europe. Il figure sur la liste rouge des espèces menacées en France et fait l’objet d’une réglementation très stricte qui vise à protéger tant l’animal que son habitat.
Actuellement, on dénombre 194 espèces d’oiseaux, dont 91 espèces nicheuses sur le site : on peut citer l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus), emblème de la Réserve, qui vient se reproduire chaque été dans les forêts sèches et clairsemées des terrasses alluviales, tout comme le Petit-duc scops (Otus scops).
Parmi les insectes, 50 espèces d’odonates peuplent la Réserve, dont l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) protégé au niveau national, et une centaine d’espèces de papillons, dont la Baccanthe (Lopinga achine) également protégée au niveau national.
Les reptiles sont aussi bien représentés avec 6 espèces de serpents (dont la Coronelle lisse), des lézards et une tortue d’eau douce, la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) espèce protégée en France.
La Réserve compte 8 espèces d’amphibiens, dont l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) et le Crapaud calamite (Epidalea calamita). Enfin, une espèce patrimoniale de mollusque aquatique peuple les cariçaies et les roselières : le Vertigo de Des Moulins (Vertigo moulinsiana).
La flore
On dénombre actuellement 786 espèces végétales recensées sur le site de la RNR des Isles du Drac. Cette richesse floristique est possible grâce à plusieurs paramètres comme la diversité géomorphologique des milieux, de l’influence des versants montagnards ou des affinités méditerranéennes du secteur. Elles sont réparties dans différents ensembles, à savoir des espaces plus ou moins liés directement à la rivière, des zones humides, des forêts,… Parmi les espèces répertoriées, certaines sont des espèces introduites par l’Homme (les exotiques envahissantes), ce qui n’est pas sans conséquences sur les espèces natives.
Quelques espèces végétales font l’objet d’un statut de protection sur l’ensemble du territoire national ou d’un statut de protection valable sur le territoire de la région Auvergne-Rhône-Alpes. De plus, 38 espèces ont un fort intérêt patrimonial au sein desquelles on en trouve 26 inscrites au Livre rouge régional et 15 qui sont déterminantes de Zone d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF). La présence sur le site de ces végétaux est le reflet de la qualité du milieu puisque ce sont souvent des espèces très fragiles et sensibles aux changements pouvant affecter leur environnement.
On peut citer certaines espèces typiques des milieux alluviaux et bancs de galets (Argousier, Saule, Épilobe à feuille de romarin, Peuplier…), d’autres aux milieux secs et ensoleillés (nombreuses Orchis et Ophrys, Astragale de Montpellier, Immortelle…).
On dénombre 8 espèces protégées au niveau régional, que sont :
L’Ail rocambole (Allium scorodoprasum), le Cirse de Montpellier (Cirsium monspessulanum), l’Inule de Suisse (Inula helvetica), le Jonc à feuilles aplaties (Juncus alpino articulatus ssp. fuscoater), le Micrope dressé (Bombycilaena erecta), l’Ophioglosse (Ophioglossum vulgatum), la Renoncule scélérate (Ranunculus sceleratus) et la Massette naine (Typha minima).